[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.En attendant ses amis et ses adversaires, Cinq-Mars eut le temps d’examiner le côté du sud de Perpignan, devant lequel il se trouvait.Il avait entendu dire que ce n’était pas ces ouvrages que l’on attaquerait, et cherchait en vain à se rendre compte de ces projets.Entre cette face méridionale de la ville, les montagnes de l’Albère et le col du Perthus, on aurait pu tracer des lignes d’attaque et des redoutes contre le point accessible ; mais pas un soldat de l’armée n’y était placé ; toutes les forces semblaient dirigées sur le nord de Perpignan, du côté le plus difficile, contre un fort de brique nommé le Castillet, qui surmonte la porte de Notre-Dame.Il vit qu’un terrain en apparence marécageux, mais très-solide, conduisait jusqu’au pied du bastion espagnol ; que ce poste était gardé avec toute la négligence castillane, et ne pouvait avoir cependant de force que par ses défenseurs, car ses créneaux et ses meurtrières étaient ruinés et garnis de quatre pièces de canon d’un énorme calibre, encaissées dans du gazon, et par là rendues immobiles et impossibles à diriger contre une troupe qui se précipiterait rapidement au pied du mur.Il était aisé de voir que ces énormes pièces avaient ôté aux assiégeants l’idée d’attaquer ce point, et aux assiégés celle d’y multiplier les moyens de défense.Aussi, d’un côté, les postes avancés et les vedettes étaient fort éloignés ; de l’autre, les sentinelles étaient rares et mal soutenues.Un jeune Espagnol, tenant une longue escopette avec sa fourche suspendue à son côté, et la mèche fumante dans la main droite, se promenait nonchalamment sur le rempart, et s’arrêta à considérer Cinq-Mars, qui faisait à cheval le tour des fossés et du marais.– Señor Caballero, lui dit-il, est-ce que vous voulez prendre le bastion à vous seul et à cheval, comme don Quixote-Quixada de la Mancha ?Et en même temps il détacha la fourche ferrée qu’il avait au côté, la planta en terre, et y appuyait le bout de son escopette pour ajuster, lorsqu’un grave Espagnol plus âgé, enveloppé dans un sale manteau brun, lui dit dans sa langue :– Ambrosio de demonio, ne sais-tu pas bien qu’il est défendu de perdre la poudre inutilement jusqu’aux sorties ou aux attaques, pour avoir le plaisir de tuer un enfant qui ne vaut pas ta mèche ! C’est ici même que Charles-Quint a jeté et noyé dans le fossé la sentinelle endormie.Fais ton devoir, ou je l’imiterai.Ambrosio remit son fusil sur son épaule, son bâton fourchu à son côté, et reprit sa promenade sur le rempart.Cinq-Mars avait été fort peu ému de ce geste menaçant, et s’était contenté d’élever les rênes de son cheval et de lui approcher les éperons, sachant que d’un saut de ce léger animal il serait transporté derrière un petit mur d’une cabane qui s’élevait dans le champ où il se trouvait, et serait à l’abri du fusil espagnol avant que l’opération de la fourche et de la mèche fût terminée.Il savait d’ailleurs qu’une convention tacite des deux armées empêchait que les tirailleurs ne fissent feu sur les sentinelles, ce qui eût été regardé comme un assassinat de chaque côté.Il fallait même que le soldat qui s’était disposé ainsi à l’attaque fût dans l’ignorance des consignes pour l’avoir fait.Le jeune d’Effiat ne fit donc aucun mouvement apparent ; et lorsque le factionnaire reprit sa promenade sur le rempart, il reprit la sienne sur le gazon, et aperçut bientôt cinq cavaliers qui se dirigeaient vers lui.Les deux premiers qui arrivèrent au plus grand galop ne le saluèrent pas ; mais, s’arrêtant presque sur lui, se jetèrent à terre, et il se trouva dans les bras du conseiller de Thou, qui le serrait tendrement, tandis que le petit abbé de Gondi, riant de tout son cœur, s’écriait :– Voici encore un Oreste qui retrouve son Pylade, et au moment d’immoler un coquin qui n’est pas de la famille du Roi des rois, je vous assure !– Eh quoi ! c’est vous, cher Cinq-Mars ! s’écriait de Thou ; quoi ! sans que j’aie su votre arrivée au camp ! Oui, c’est bien vous ; je vous reconnais, quoique vous soyez plus pâle.Avez-vous été malade, cher ami ? Je vous ai écrit bien souvent ; car notre amitié d’enfance m’est demeurée bien avant dans le cœur.– Et moi, répondit Henry d’Effiat, j’ai été bien coupable envers vous : mais je vous conterai tout ce qui m’étourdissait ; je pourrai vous en parler, et j’avais honte de vous l’écrire.Mais que vous êtes bon ! votre amitié ne s’est point lassée.– Je vous connais trop bien, reprenait de Thou ; je savais qu’il ne pouvait y avoir d’orgueil entre nous, et que mon âme avait un écho dans la vôtre.Avec ces paroles, ils s’embrassaient les yeux humides de ces larmes douces que l’on verse si rarement dans la vie, et dont il semble cependant que le cœur soit toujours chargé, tant elles font de bien en coulant.Cet instant fut court ; et, pendant ce peu de mots, Gondi n’avait cessé de les tirer par leur manteau en disant :– À cheval ! à cheval ! messieurs.Eh ! pardieu, vous aurez le temps de vous embrasser, si vous êtes si tendres ; mais ne vous faites pas arrêter, et songeons à en finir bien vite avec nos bons amis qui arrivent [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • fisis2.htw.pl
  • Copyright © 2016 (...) chciaÅ‚bym posiadać wszystkie oczy na ziemi, żeby patrzeć na Ciebie.
    Design: Solitaire