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.— Vous pratiquez la radiesthésie, comme mon père.— Et comme vous-même, Majesté ; n’avez-vous pas trouvé de l’eau dans le désert ? Ce n’est pas tout : après cette petite opération, il faudra soigner vos gencives en mastiquant chaque jour une pâte à base de bryone, de genévrier, d’absinthe, de fruit du sycomore, d’encens et d’ocre médicinal.En cas de douleur, vous boirez une décoction à base d’écorce de saule[3] ; c’est un analgésique très efficace.— D’autres mauvaises nouvelles ?— L’examen de votre pouls et de votre fond d’œil prouve que vous êtes doté d’une énergie exceptionnelle qui vous permettra d’étouffer dans l’œuf bien des maladies ; mais votre vieillesse s’accompagnera de rhumatismes… Et il faudra les accepter.— J’espère mourir avant cette déchéance !— Vous incarnez la paix et le bonheur, Majesté ; l’Egypte souhaite vous voir atteindre un grand âge.Vous soigner est un devoir impérieux.L’âge des sages n’est-il pas cent dix ans ? Ptah-hotep attendit de les avoir atteints avant de rédiger ses Maximes.Ramsès sourit.— A vous regarder et à vous écouter, la douleur s’estompe.— C’est l’effet de l’anesthésie, Majesté.— Etes-vous satisfaite de ma politique de santé ?— Je rédigerai bientôt mon rapport annuel.Dans l’ensemble, la situation est satisfaisante, mais l’on ne développera jamais assez l’hygiène publique et privée.C’est grâce à elle que l’Egypte reste à l’écart des épidémies.Votre directeur de la Double Maison de l’or et de l’argent ne doit pas lésiner sur l’achat de produits chers et rares qui entrent dans la composition des remèdes.Je viens d’apprendre que nous ne recevrons pas la livraison habituelle d’oliban ; or, je ne peux m’en passer.— Soyez sans inquiétude, nos réserves sont abondantes.— Sommes-nous prêts, Majesté ?Face à des milliers de Hittites déchaînés, à Kadesh, Ramsès n’avait pas tremblé.Mais lorsqu’il vit approcher de sa bouche les instruments du dentiste, il ferma les yeux.Le char de Ramsès roulait à si vive allure que Serramanna le suivait avec peine.Depuis que Néféret lui avait dispensé des soins d’une remarquable efficacité, le dynamisme du monarque avait redoublé.Seul Améni, malgré ses douleurs dorsales, parvenait à adopter le rythme de travail du souverain.Une lettre codée d’cha avait rassuré Ramsès ; le chef de sa diplomatie n’était pas prisonnier, mais séjournait à Hattousa pour y mener des négociations d’une durée indéterminée.Comme l’avait supposé Améni, l’empereur hittite redoutait de se lancer dans une aventure guerrière à l’issue incertaine.Alors que la crue se retirait de Basse-Egypte, en cette fin d’un mois de septembre dont la douce chaleur était un baume pour le corps, le char du roi roulait le long d’un canal qui desservait des villages.Personne, pas même Améni, ne connaissait la nature de la mission urgente que Ramsès jugeait bon d’accomplir lui-même.Depuis la mort de Chénar, le frère aîné du roi, et de ses complices, la sécurité de Ramsès était plus facile à assurer.Mais la liberté de manœuvre d’Ouri-Téchoup inquiétait le géant sarde qui déplorait l’intrépidité du monarque, à peine atténuée par l’âge.Ramsès s’arrêta au pied d’un arbre épanoui, en bordure du canal.Ses feuilles lancéolées étaient ravissantes.— Viens voir, Serramanna ! D’après les archives de la Maison de Vie, voici le plus vieux saule d’Egypte.De son écorce, on extrait une substance anti-inflammatoire qui m’a soulagé.C’est pourquoi je suis venu le remercier.Et je ferai mieux : de mes mains, je planterai des rameaux de saule à Pi-Ramsès, près des pièces d’eau, et j’ordonnerai que l’on agisse de même dans le pays entier.Les dieux et la nature nous ont tout donné : sachons faire fructifier leurs trésors.« Aucune autre terre, pensa l’ancien pirate, n’aurait pu engendrer un roi comme celui-là.»14Un vent glacé soufflait sur le haut plateau d’Anatolie ; à Hattousa, l’automne ressemblait parfois à l’hiver.cha n’avait pas à se plaindre de l’hospitalité d’Hattousil ; la nourriture était convenable, quoique rustique, et les deux jeunes Hittites chargées de le distraire remplissaient leur tâche avec zèle et conviction.Mais l’Egypte lui manquait.L’Egypte, et Ramsès.cha avait envie de vieillir à l’ombre du monarque qu’il avait servi sa vie durant, et pour lequel il avait accepté, avec un enthousiasme caché, d’affronter les pires dangers.La vraie puissance, qui fascinait l’adolescent cha pendant ses études à Memphis, c’était Ramsès qui la détenait, et non Moïse, comme il l’avait cru pendant une courte période [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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