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.Samson sut qu’il devait intervenir mais ignorait quoi faire.Billy le tirait par la manche, essayant de lui faire comprendre que fuir serait encore la meilleure solution, mais Samson continuait à fixer Enos et Ellen.Il retourna au coffre de leur voiture.— Qu’est-ce tu fais ? demanda Billy.— J’cherche un truc qui pourrait m’servir d’arme.— Mais je trimballe jamais de flingue dans la bagnole.— Tiens ! R’garde ! Ça fera l’affaire, répondit Samson en lui montrant un démonte-pneu.— Un démonte-pneu contre un.357 ? T’es pas un peu louf comme mec ?Billy prit l’outil des mains de son ami.Samson faillit en pleurer de rage.Maintenant Enos avait pointé son revolver sur la tempe d’Ellen alors que de sa main libre il la pelotait sous son tee-shirt.Samson repoussa Billy, s’empara de la roue de secours dans le coffre de la Ford puis rampa vers le barrage.Ses amis, les yeux écarquillés comme des soucoupes par la trouille, le virent se rapprocher d’Enos.Quand Samson ne fut plus qu’à une dizaine de mètres du policier il commença à courir tenant la roue de secours devant lui comme un bouclier.— Enoooos ! hurla Samson de toutes ses forces.Le gros flic repoussa Ellen.Il s’apprêtait à tirer quand le pneu l’atteignit en pleine poitrine.Le choc fut terrible.Enos bascula dans le vide par-dessus la rambarde métallique.Samson, emporté par l’élan, faillit emprunter le même chemin, mais quelqu’un le rattrapa par la chemise.Samson ne chercha même pas à savoir qui c’était : il fixait l’eau noire, au fond du barrage, soixante mètres plus bas.Il fallut attendre plusieurs minutes avant que quelqu’un ne se décide à rompre le silence.Ce fut Billy qui s’en chargea :— J’ai vraiment pas de bol… un pneu que j’venais juste de faire réparer.Deuxième partiePassage à l’actionChapitre 13Oublie ce que tu saisPays des Crows – 1973De tous ceux présents qui avaient vu Enos basculer par-dessus le parapet du barrage, seul Billy garda son sang-froid.Alors que tous les jeunes fixaient l’obscurité au pied du barrage, Billy concoctait un plan pour sauver son ami.— Viens là Samson, dit-il.Samson, hagard, commençait à trembler de partout, soudain chargé d’une adrénaline qu’il ne connaissait pas.Il regarda son copain.Billy prit Samson par l’épaule et l’écarta du parapet.— ’Coute-moi bien Samson.Va falloir te barrer.Et loin !L’autre ne répondit rien pendant tout un moment.— Me barrer loin ? finit-il par dire.— Va falloir que tu quittes la réserve pendant un certain temps, p’t’êt’pour toujours.Tous ici vont te dire que ce qui vient de se passer va rester secret mais dès que les poulets vont leur secouer le paletot, ton nom va commencer à circuler.Faut que tu partes mon pote.Y a pas d’autre solution.— Mais je vais aller où ?— J’en sais foutre rien, mais t’as plus le choix.Tu vas prendre la voiture et moi je vais passer le chapeau pour ramasser un peu de pognon.Samson obéit, trop content que quelqu’un prenne les choses en main à sa place.Il s’assit au volant et regarda sur le barrage Billy qui allait de l’un à l’autre pour leur demander de donner tout l’argent dont ils disposaient pour le fugitif.Il ferma les yeux et vit apparaître comme un mauvais film : le grand saut vers l’abîme d’un flic, qu’une roue de voiture accompagnait.Samson rouvrit ses yeux mouillés de larmes.Quelques minutes plus tard Billy le rejoignit, balança une poignée de billets sur le siège et monta dans la voiture.— J’leur ai dit que t’allais te cacher dans la montagne et que l’argent c’était pour t’acheter des vivres.Y a à peu près cent dollars ; d’quoi aller loin avant que les flics réalisent que t’as quitté la réserve.Billy démarra et prit la direction de Fort Smith.— Où est-ce qu’on va ? demanda Samson.— D’abord, faut qu’on aille remplir les bidons.Je vais t’accompagner jusqu’à Sheridan.De là tu prendras le car.De toute façon, c’te bagnole n’ira guère plus loin.Si on tombe en rideau au beau milieu de nulle part, t’es niqué.Samson n’en revenait pas.Son ami développait une rare faculté d’adaptation à l’événement.Abandonné à son sort, au lieu de se mettre immédiatement en route vers le Wyoming, Samson serait resté sur le barrage, les yeux dans le vague.— Faudrait quand même que j’aille prévenir Grand-Mère de mon départ.— Pas possible ! J’lui dirai d’main qu’t’es parti.Et quand tu seras loin, t’amuses pas à téléphoner ou à écrire ; les flics te retrouveraient en moins de deux.— Comment tu sais ça ?— C’est comme ça que mon frangin s’est fait gauler, répondit Billy.Il nous a écrit du Nouveau-Mexique.Le FBI l’a alpagué deux jours plus tard.— Mais…— Mais merde ! T’as buté un flic ! Je sais bien que c’est pas ça que tu voulais mais pour eux, ça fait aucune différence.S’ils te mettent la main dessus, ils te descendront comme un lapin avant qu’t’aies eu le temps de dire ouf.— Mais y a des témoins…— Ouais.Rien que des Crows.Qui croira une bande de sales enculés d’Indiens ?— Mais Enos aussi était de notre race.Métissé, mais quand même.— Enos, c’était une vraie pomme.Peut-être rouge à l’extérieur mais bien blanc à l’intérieur
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