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.Une pierre grosse comme le poing s’écrasa sur mon épaule qu’elle contusionna.– Lucine !La voix autoritaire de Low couvrait toutes les fréquences.Un grondement inarticulé lui répondit.– Alors ?Le shérif nous regardait.– Elle est complètement folle, soupira Low.Il est impossible d’établir un contact.– Nous voilà bien ! Comment qu’on va faire pour la sortir de là ?Personne n’avait de solution à proposer.Nous tournions en rond.Le soleil à son déclin bruissait dans notre dos et illuminait l’entrée de la mine.Soudain, une volée de pierres s’abattirent avec un bruit sourd tout autour de nous.Elles rebondissaient sur le sol nu ou se perdaient dans les broussailles.Puis une plainte gutturale qui me glaça le sang retentit.Le shérif blêmit.– Je vais lui tirer dessus, siffla-t-il.Je vais l’abattre.Raide morte.Il leva son fusil et se campa sur ses jambes écartées.– Non ! C’est une enfant ! Une petite fille !Ses yeux se posèrent sur moi et un rictus déforma sa bouche :– Ça ?Derechef, il cracha par terre.Son adjoint le tira par la manche, l’entraîna à l’écart et il lui dit quelque chose à mi-voix sur un débit précipité.Inquiète, je me tournai vers Low.Les yeux fermés, le masque tendu, il projetait pour atteindre Lucine.Les deux hommes avaient terminé leur conciliabule.Ils se mirent à faire provision d’éclats de rocher et, après avoir pris leur respiration, ils commencèrent à bombarder la galerie.D’abord, une rafale de pierres leur riposta, puis un hurlement de fureur s’éleva qui s’éloigna à mesure que Lucine s’enfonçait dans l’obscurité.– On l’a touchée !Le shérif et son adjoint se rapprochèrent de l’entrée de la galerie et redoublèrent d’efforts.Low posa une main sur mon bras pour m’empêcher de les suivre.– Il y a un puits.Ils essaient de la repousser vers lui.Une fois, j’y ai fait tomber une pierre.Je ne l’ai pas entendue toucher le fond.– C’est un assassinat ! (Je me dégageai et agrippai le poignet du shérif).Arrêtez !– Y a pas d’autre moyen de la faire sortir.(Je sentais ses muscles se tendre sous mon étreinte).Vaut mieux que ce soit elle qui meure plutôt que Petie ou nous autres.Elle n’a qu’une idée : c’est de tuer.– Je vais la faire sortir ! m’écriai-je en tombant à genoux et en cachant ma figure dans mes mains.Je vais la faire sortir.Accordez-moi une minute.Je me concentrai comme je ne m’étais encore jamais concentrée.Je projetai en trébuchant dans la nuit de la mine et m’enfonçai dans une nuit encore plus épaisse et plus abominable, la nuit de Lucine, avec laquelle je me colletai jusqu’à ce qu’elle envahisse mon esprit.Elle échappait à mon contrôle.Je m’entêtai néanmoins, essayant obstinément de glisser une bribe de raison pas plus épaisse qu’un ongle sous le bord de cette déraison forcenée afin de l’éclairer d’un soupçon d’équilibre.Low me retint avant que ce torrent furieux m’engloutisse et me maintint jusqu’à ce que, frissonnante, j’émerge enfin de l’enfer.Brusquement, une rumeur monta des entrailles de la terre – un craquement assourdissant – et un nuage de poussière jaune jaillit de la galerie.Un hurlement bestial éclata, suraigu, suivi d’un cri où la souffrance se mêlait à la terreur, le cri d’un enfant épouvanté qui se réveille dans l’horreur de la nuit, qui appelle au secours, qui demande de la lumière !– C’est Lucine ! (Je sanglotais à moitié).Elle est revenue à elle.Que s’est-il passé ?– C’est un éboulement.(Un tic agitait spasmodiquement les mâchoires du shérif).Le boisage a cédé.Depuis le temps, il est tout pourri.Probable qu’elle y est restée.– Il faut aller la chercher, dit Low.– Si ça s’est effondré là où je crois, y a rien à faire.Ce coin, c’est rien que de la vase.Pire que des sables mouvants.Ça vous arrive dessus comme un torrent en crue.Y en a eu des gars qui sont morts noyés dans la boue.(Sa bouche se crispa).C’est là que j’ai vu mon premier macchab quand je l’ai sorti de d’là.J’avais dans les seize ans et, comme j’étais le plus maigrichon, c’est moi qu’on a expédié après avoir localisé le corps et posé des chevalets de fortune.Je l’ai halé par les pieds.Il y mettait pas du sien.Elle l’aspirait, cette vase.Noyé dans la boue, qu’il était.Ça va encore être un drôle de chantier pour le récupérer, celui-là de cadavre.(Il remonta son Levi’s).Bon.Je vais retourner en ville rassembler des volontaires.– Elle n’est pas morte, dit Low.Elle respire encore.Elle est coincée sous quelque chose et elle ne peut pas se dégager.Le shérif le regarda en plissant les yeux.– D’après ce qu’on dit, vous êtes un drôle d’oiseau.J’ai l’impression que vous êtes un peu dingo vous-même, comme qui dirait, pour causer comme ça.Vous voulez que je vous raccompagne à Kruper, mademoiselle ? ajouta-t-il sur un ton radouci.Vous ne pouvez rien faire de plus.Pour elle, c’est cuit.– Non, elle n’est pas morte ! Elle est vivante.Je l’entends.– C’est pas croyable, grommela le shérif.Ils sont aussi zozos l’un que l’autre.Eh bien, puisque c’est comme ça, d’accord.Je vous nomme adjoints tous les deux.Et je vous charge de surveiller la mine pour qu’elle ne se fasse pas la paire pendant mon absence.Sur quoi, il s’éloigna avec son assistant, tout fier de ce trait d’esprit.Les derniers échos du moteur moururent, avalés par le silence soudain des collines boisées qui nous environnaient, et que brisaient seulement le bruissement léger du vent dans les broussailles et le piaillement lointain d’un oiseau dans le ciel.Nous étions à l’écoute du ressac du sang dans nos tempes de l’affolement terrifié de Lucine.Et puis nous entendîmes les coups de marteau de la douleur commencer à battre, nous entendîmes le cri perçant d’une souffrance atroce qui atteignait son paroxysme, et la fillette perdit conscience.Nous nous enfonçâmes alors à tâtons dans les ténèbres du boyau.Tout en avançant en trébuchant, je sondais, je sondais de toutes mes forces.Soudain, quelque chose de fluide et d’épais s’abattit contre mes cuisses et me renversa.– Reculez ! me lança Low qui pataugeait devant moi.Revenez sur vos pas sinon nous allons nous enliser tous les deux.– Non ! rétorquai-je en essayant tant bien que mal de poursuivre ma progression.Je ne peux pas vous abandonner.– Faites demi-tour.Je la trouverai et je la maintiendrai jusqu’à ce que les sauveteurs arrivent.J’obéis.Le retour fut interminable.Je ne m’étais pas rendu compte que nous avions parcouru une telle distance à l’aller [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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